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Le service d’hospitalisation à domicile (HAD) de l’Hôpital Suburbain du Bouscat commence à pratiquer les transfusions sanguines à domicile. La prise en charge se déroule dans un cadre protocolaire précis.

Le service d’hospitalisation à domicile (HAD) a réalisé, le 16 mai dernier, une transfusion sanguine au domicile d’une personne. Une première en Gironde, voire en Nouvelle Aquitaine. La patiente bénéficiaire, Maria Da Costa, 79 ans, a accepté en connaissance de cause. Elle a reçu sa transfusion assise dans son fauteuil, avec un pied à perfusion placé à proximité. Une infirmière est restée à ses côtés pendant la durée du soin, soit environ 2 h 30. Depuis cette date, d’autre actes similaires ont été réalisés par le même service.

Plusieurs mois ont été nécessaires pour en arriver là. « Bien qu’ancien, ce mode de prise en charge est peu courant en hospitalisation à domicile, car les procédures de sécurité sont excessivement lourdes », explique le docteur Lambert-Thomas. Un document cadre, listant les recommandations à suivre en HAD, a été édité en 2018 par la Société française de transfusion sanguine et la FNEHAD (Fédération Nationale des Etablissements d’Hospitalisation à Domicile). « La complexité tient au fait qu’un médecin doit se rendre disponible pour intervenir si besoin. Il faut qu’il puisse aller chez le patient en moins de trente minutes », indique la praticienne. Etablir des protocoles avec des médecins traitants semble difficile compte-tenu de la charge de travail déjà importante des généraliste libéraux.

Fort de ce constat, l’hôpital bouscatais s’est appuyé sur ses propres forces médicales. Et sollicite, le cas échéant, les médecins coordonnateurs en EHPAD lorsque les patients soignés sont en maison de retraite. De fait, les interventions sont programmées à l’avance. « Les critères appliqués sont ceux de la Haute Autorité de Santé. On ne fait aucune transfusion en urgence. Le choix se porte sur des patients ayant des besoins de sang réguliers, généralement des personnes atteintes d’une maladie hématologique. Ou pour des personnes dont les traitements anti-cancer engendrent certains effets secondaires », explique le docteur Lambert-Thomas.

FORMATION

Autre précision importante, « on ne fait pas plus d’une poche de sang par jour d’intervention », affirme le directeur d’établissement, Eric VIANA. Le projet de l’hôpital a été présenté en février-mars à l’Agence Régionale de Santé de Nouvelle-Aquitaine (A.R.S) et à l’Etablissement Français du Sang (E.F.S) qui ont validé les procédures. L’équipe a suivi une formation. « La transfusion de sang est presque un nouveau soin pour moi. J’ai appris les gestes durant mes études il y a 8 ou 9 ans, mais ce n’est pas une pratique habituelle en HAD » reconnaît Camille Sausset, présente chez Mme Da Costa le 16 mai dernier.

Trois autres infirmières du service de chimiothérapie de l’HAD (Camille Marette, Camille Richomme et Marie Brigitte Pégol) sont susceptibles d’intervenir à domicile.

CONFORT

Une fois la prescription médicale établie, l’intervention « à la maison » suppose de préparer le terrain. C’est le rôle de Marine Gautier, infirmière coordonnatrice : « il faut commander le matériel (un pied de perfusion, des tubulures spéciales pour la transfusion, de quoi poser une voie veineuse périphérique etc) énumère t’elle. On respecte les mêmes critères de qualité et de sécurité qu’à l’hôpital ». La poche de sang est livrée par transporteur conventionné.

Le transfert des thérapies dans le confort du foyer permet à la fois de soulager l’hôpital et de tranquilliser les patients. « Ca leur évite du stress, des déplacements en ambulance, du temps perdu en attente. Financièrement, l’Assurance-Maladie s’y retrouve aussi, argumente le directeur de l’hôpital.

La relation avec le patient est différente, admet l’infirmière Camille Sausset. On entre dans son intimité ; on fait connaissance avec la famille. L’effet blouse blanche du contexte hospitalier s’atténue. Même si le cadre médical est toujours présent en toile de fond. A noter que le patient transfusé ne reste pas seul après le départ de l’infirmière. le protocole impose la présence d’un proche (conjoint, ami, voisin…) à ses côtés pendant au moins deux heures afin d’assurer une surveillance et d’alerter si nécessaire.

En Gironde, trois autres établissements disposant de l’autorisation HAD pourraient éventuellement suivre l’exemple du Bouscat : la Maison de Santé Protestante de Bordeaux Bagatelle, l’HAD des Vignes et des Rivières à Libourne et le Centre Hospitalier Sud-Gironde de Langon.